Les communes heureusement !
1. L'état demande 5 milliards d'économie aux collectivités locales tandis que les citoyens demandent plus de services publics. En tant que Maire et Vice-Président de l'AMF, comment répondre à cette équation ?
Aujourd’hui, la part structurelle et financière des collectivités locales dans la dette de la Nation ne représente que 7 % de cette dette. L’association des Maires de France propose donc de contribuer à l’effort demandé, en tenant compte de cette part modique. Les communes sont des gestionnaires raisonnables de l’argent public. Tous les ans, nous votons nos budgets à l’équilibre et lorsque des investissements sont réalisés pour l’avenir, la Ville rembourse, comme tout particulier lorsqu’il emprunte. Dans le même temps, nous devons et tenons à assurer un service public de qualité pour nos habitants. Un compromis devra donc être trouvé entre l’État et les collectivités, en prenant en compte les efforts conséquents réalisés par celles-ci depuis 2014. En effet, nous avons subi le gel et même l’amputation d’un tiers de la dotation globale de fonctionnement (DGF), source importante de financement des collectivités. Cette baisse représente 71 milliards d’euros depuis 2014, alors même que la dette de l’État a augmenté de plus de 1 000 milliards d’euros sur la même période. Nous refusons d’être plus longtemps présentés comme des gens inutiles, coûteux, dispendieux et vers lesquels il faut se tourner pour stopper l’aggravation de nos finances publiques.
2. Quel rôle peut jouer une commune pour raviver la confiance du citoyen envers les pouvoirs publics ?
Je crois qu’il est nécessaire de continuer ce que nous faisons depuis 1995 à Combs-la-Ville : rester transparents. Afficher et prouver au quotidien notre vertu, notre exemplarité. Les communes ont une règle d’or : on ne dépense pas plus que ce que l’on a, ce à quoi l’État se refuse. Il faut rester constant, y compris lorsque mille difficultés jalonnent notre chemin. Je n’ai pas ma langue dans ma poche, je suis très respectueux de l’État, mais je ne cesserai jamais de dire la vérité et de montrer les réalités telles qu’elles sont.
3. Avec l'AMF, vous insistez sur le rôle de premier plan des communes et des maires au quotidien. Faut-il plus de moyens aux maires pour répondre aux besoins de nos concitoyens ?
L’intitulé du 106e Congrès de l’AMF s’est efforcé, avant même de connaître le budget, d’être positif. La France va mal. Mais heureusement, il y a les communes. L’édifice de l’État repose sur la base solide du socle communal. Si l’État continue de fragiliser les communes au point de ne plus leur permettre d’apporter le minimum attendu par nos concitoyens, c’est l’ensemble de l’édifice qui s’effondrera. Nous n’avons jamais eu autant besoin des communes qu’aujourd’hui. Pourtant, certains persistent à nous pointer du doigt et à nous retirer une partie appréciable de notre capacité à vraiment assumer nos responsabilités. La France, sans être entrée dans une phase cataclysmique, voit un grand nombre de ses habitants perdre en capacité à être, à agir, à faire. Et la parade à ces conséquences du quotidien, ce sont les communes. Donc, plus que jamais, les maires ont ce rôle extrêmement délicat d’écouter, de comprendre, d’agir avec les moyens de plus en plus limités qu’ils ont pour y parvenir. Souvent, on utilise cette formule du dernier kilomètre. Je dirais plutôt que la commune, c’est le premier centimètre, nous sommes là dans la plus petite proximité. Les habitants nous font confiance parce que les maires sont les premiers élus à qui l’on a confié la mission de gérer la boutique qu’est la commune. Et je suis, pour ma part, honoré d’endosser ce rôle au quotidien.